Inclusion scolaire et citoyenneté active : À Douala, l’école publique fait signe vers une ville plus juste
Le vendredi 26 septembre 2025, l’École publique bilingue de Bilonguè, à Douala 3e, a vécu un moment hors du commun. Ce jour-là, une campagne d’initiation à la langue des signes et à la prévention auditive y a été organisée. Portée par l’association L’Œil et la Main et soutenue par le Centre Multifonctionnel de Bépanda (CMB), cette initiative redéfinit l’espace scolaire comme un véritable levier d’inclusion, à l’image d’une ville qui fait de sa diversité une richesse collective.
Ce jour-là, la cour de l’école s’est transformée en un espace de découverte silencieuse. Les cris d’enfants ont laissé place à des gestes simples mais puissants. Élèves et enseignants ont appris à « parler » autrement, à travers la langue des signes. Un langage du respect, de l’écoute, et de l’ouverture à l’autre. Une initiation sensible qui a posé les premières pierres d’un vivre-ensemble plus juste, où chaque voix, même silencieuse, compte.

Inscrite dans le cadre des Journées mondiales de la langue des signes (23 septembre) et des personnes sourdes (26 septembre), l’initiative visait deux objectifs majeurs visant à prévenir les troubles auditifs et vulgariser la langue des signes auprès des plus jeunes. Fidèle à son engagement pour l’inclusion, la ville de Douala a activement soutenu cette démarche à travers le CMB, affirmant ainsi son ambition d’agir dès l’enfance contre les inégalités.
L’intervention de l’association L’Œil et la Main, pilotée par son président Dimitri Fokou, a marqué les esprits. « Beaucoup d’enfants ne naissent pas sourds. Ils le deviennent à cause de gestes dangereux ou de violences scolaires », a-t-il alerté. Stylos utilisés comme cure-oreilles, coups à la tête, négligence des signaux d’alerte… autant de pratiques banalisées, mais lourdes de conséquences. Grâce à des démonstrations concrètes, les enfants ont appris à identifier ces risques et à adopter les bons gestes.
L’atelier s’est ensuite prolongé par une initiation à l’alphabet en langue des signes, transformant l’apprentissage en un véritable acte citoyen. Accessible, vivant, profondément humain, ce moment a semé chez les participants les graines d’un vivre-ensemble fondé sur l’écoute, la reconnaissance et la solidarité. Car à l’école comme dans la ville, l’inclusion ne peut plus être une exception portée par quelques-uns, mais une pratique quotidienne, partagée et assumée par tous.

En définitive, l’on peut dire qu’en misant sur l’école comme levier d’inclusion, la ville de Douala affirme une vision audacieuse : faire de chaque établissement un bastion d’égalité et un tremplin vers une citoyenneté partagée. En donnant la parole aux mains, elle écoute autrement, et veille à ce que plus aucune voix ne soit ignorée.
Jan Naj








