Faire de la musique un moteur de cohésion sociale et culturelle : tel est le pari brillamment relevé Douala, ce samedi 20 septembre 2025, au Palais de la Culture Sawa. En accueillant son tout premier concert philharmonique, la capitale économique du Cameroun n’a pas seulement lancé un évènement, elle a posé un acte fondateur, à la fois audacieux et rassembleur. Ce moment historique, porté par une volonté municipale affirmée, place désormais la culture au cœur du projet de ville et de l’unité citoyenne.

Dans une atmosphère intime, presque suspendue, les accords raffinés de la musique classique ont rencontré les rythmes chaleureux des variétés populaires. Ce soir-là, Douala s’est livrée toute entière à la puissance du son et à la poésie des émotions. Les barrières habituelles  qu’elles soient géographiques, sociales ou générationnelles  se sont effacées, laissant place à un dialogue sensible, partagé, porté par la beauté pure des voix et des instruments. La ville, comme un seul chœur, a vibré à l’unisson.

Sous la direction artistique du Grand Maître Ekollo Nsia, et l’encadrement structurant du Dr Sollè, premier Adjoint du Maire de la ville et par ailleurs Président du Chœur Philharmonique de Douala, ce concert s’inscrit dans une dynamique bien ancrée. En effet, le Chœur n’en était pas à son premier coup d’éclat. Avant même son inauguration officielle, il s’était déjà illustré avec brio lors de l’acte 5 du Festival Douala Fiesta en 2024, puis à la Fête de la Musique de juin 2025, en partenariat avec l’Institut français et la délégation régionale des Arts et de la Culture. Autant de jalons posés sur le chemin d’une ambition : inscrire durablement Douala sur la carte des grandes villes musicales.

Aujourd’hui pleinement adoubé par les institutions, le Chœur Philharmonique s’impose comme un acteur culturel incontournable et une promesse d’avenir pour la ville. Emu et reconnaissant, Dr Sollè a salué « l’aboutissement d’un travail de fond mené avec rigueur et passion » , rendant un hommage appuyé aux partenaires publics et privés qui ont soutenu le projet dès ses premiers balbutiements. Pour le gouverneur de la région du Littoral, l’impact ne fait aucun doute : « Ce projet vient enrichir le patrimoine culturel de Douala et dynamiser une ville parfois jugée en manque d’animation » . Une ambition forte, désormais portée collectivement et pleinement assumée par la municipalité.

Sur scène, les artistes n’ont pas seulement offert un concert : ils ont délivré un message, vibrant, sincère, presque solennel. Chaque note, chaque geste, chaque silence portait l’écho d’une ville en pleine métamorphose. Ce 20 septembre 2025, Douala ne s’est pas contentée d’écouter : elle a ressenti, partagé, vibré. Dans le public, les regards, qu’ils soient jeunes ou plus mûrs, curieux ou mélomanes aguerris reflétaient une émotion commune : celle d’assister à un tournant de son histoire. Comme l’a résumé avec justesse Marlyse Rose Tongo Douala Bell : « Ce soir, Douala n’a pas écouté la musique. Elle l’a incarnée ».

Avec son Chœur Philharmonique désormais enraciné, Douala affirme plus que jamais sa voix singulière. Elle ne joue plus en sourdine. Elle compose, elle rayonne, elle s’accorde. Et trace, en musique, le chemin d’une métropole ouverte, inclusive et profondément humaine – une ville où l’espace public devient scène, et l’émotion, langage universel.

Cathérine Esthère Dimouama