Renaissance industrielle : La Sonara se donne 24 mois pour renouer avec l’activité de raffinage
La Société Nationale de Raffinage (Sonara) amorce un tournant décisif de son histoire. Réunie en conseil d’administration le 13 août 2025 à Limbé, l’entreprise a adopté une feuille de route ambitieuse baptisée Parras 24, acronyme de Plan d’Accélération des mesures de Restructuration/Réhabilitation en vue de la Reprise du Raffinage à la Sonara sous 24 mois. Cette initiative vise à remettre en service, d’ici 2027, l’unique raffinerie du pays, lourdement affectée par un incendie survenu le 31 mai 2019.
Basée à Limbé, dans le Sud-Ouest, la Sonara entend se relever durablement du sinistre qui avait paralysé ses installations. La 139e session de son conseil d’administration marque un tournant déterminant dans ce processus, avec la validation du plan Parras 24, symbole d’une volonté affirmée visant à faire de la Sonara un modèle de résilience industrielle. Un objectif soutenu par l’État camerounais, qui appuie le projet sur les plans financier et institutionnel, confirmant l’importance stratégique de cette infrastructure.

Le plan Parras 24 s’articule autour de trois piliers essentiels : financier, technique et organisationnel. Sur le plan financier, il s’agit de recapitaliser l’entreprise et de mobiliser des ressources additionnelles à travers des partenariats publics-privés, en vue de sécuriser les investissements nécessaires à la reprise rapide et durable des activités. Ce socle vise à garantir la solidité économique de l’opérateur dans la durée.
Sur le volet technique, le projet prévoit la réhabilitation complète de l’outil industriel, fidèle à la configuration qui prévalait avant l’incendie. Le démarrage de ce chantier, programmé pour janvier 2026, s’appuie sur le rapport du cabinet Ekum, dont les conclusions préliminaires jugent favorable une remise en service conforme aux normes antérieures.

Le troisième pilier, d’ordre organisationnel, met l’accent sur la valorisation du capital humain. Il prévoit une redéfinition des effectifs et un vaste programme de montée en compétences, destiné à aligner les profils aux exigences du nouveau cycle industriel. Comme le souligne le communiqué signé par la présidente du conseil, Dr Ndoh Bertha née Bakata, il s’agit de « mettre à niveau le capital humain », levier fondamental de toute relance pérenne.
Au-delà du redressement économique, la Sonara vise à renforcer durablement sa position stratégique dans le secteur de l’énergie. En consolidant son rôle d’acteur clé de l’approvisionnement en produits pétroliers, elle entend redevenir un hub énergétique régional, au service de l’économie camerounaise et du développement sous-régional. À ce titre, elle contribue à la reconfiguration du paysage énergétique en Afrique centrale, dans une logique d’intégration et de souveraineté renforcée.

Dans l’attente du redémarrage de ses unités de production, la Sonara réaffirme son engagement en matière de continuité opérationnelle. Elle rassure ses partenaires, clients et parties prenantes sur l’approvisionnement du marché qui reste assuré, avec un niveau de fiabilité, de régularité et de qualité conforme aux standards internationaux. Tant en volume qu’en performance, elle continue de répondre aux besoins du marché et de maintenir la confiance de ses acteurs.
Enfin, cette relance pourrait générer des retombées positives bien au-delà du périmètre industriel. Pour la ville de Limbé, il s’agit d’une opportunité unique de redynamisation locale : création d’emplois, relance des activités connexes, et amélioration des infrastructures. Le compte à rebours est donc enclenché. Et si le pari est tenu, la Sonara pourrait bien devenir un symbole fort de renaissance industrielle urbaine au Cameroun.
Eric François Bekolo







