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Banques, souveraineté et renaissance économique : Douala, théâtre d’un tournant stratégique majeur

En reprenant le contrôle majoritaire de Société Générale Cameroun, l’État du Cameroun ouvre un nouveau chapitre de son histoire financière. Loin d’être une simple opération de rachat d’actions, cette manœuvre dévoile une volonté politique assumée visant à reconquérir les leviers économiques stratégiques autrefois laissés à la main des intérêts étrangers. Douala, capitale économique et poumon bancaire du pays, en devient le symbole.

Le 15 juillet 2025, au cœur de Douala, une signature sobre en apparence marque pourtant, un acte hautement politique par lequel l’État du Cameroun reprend la main sur la Société Générale du Cameroun, en rachetant les 58,08 % de parts jusque-là détenues par le groupe bancaire français. À l’issue de cette transaction, qui reste conditionnée à l’aval des autorités régulatrices régionales, l’État détient désormais près de 84 % du capital de cette institution bancaire. Une opération à forte valeur symbolique dans un contexte de redéfinition du rapport du Cameroun à la maîtrise de ses ressources économiques.

Cette décision ne s’inscrit pas dans un rejet dogmatique de l’investissement étranger, mais dans une stratégie de souveraineté assumée. Depuis plus d’un an, la Société Générale Cameroun a enclenché un vaste désengagement de plusieurs filiales africaines. Le Cameroun, plutôt que de laisser l’une de ses plus puissantes banques basculer entre les mains d’acteurs privés étrangers aux logiques parfois spéculatives, a choisi de reprendre le contrôle. Et c’est Douala, centre névralgique du réseau bancaire camerounais, qui en devient le point de bascule.

La capitale économique, où transitent la majorité des flux financiers du pays, abrite également les grandes entreprises nationales pour beaucoup clientes de la SGC. Dans un environnement international marqué par des incertitudes, l’État s’assure ainsi de préserver un outil bancaire stratégique. La SGC concentre à elle seule 1 500 milliards de FCFA de dépôts, avec plus de 1 000 milliards de crédits et 140 milliards de fonds propres. Sa clientèle comprend les fleurons de l’économie locale, de l’agro-industrie aux télécoms.

Mais l’enjeu dépasse le simple bilan financier. Il s’agit aussi de stabilité sociale (plus de 800 emplois directs), de résilience politique à l’approche d’échéances électorales, et de préservation de standards internationaux garants de la confiance des investisseurs. Avec un rendement net annuel estimé à 25 milliards de FCFA, la banque reste un actif rentable. L’État camerounais ne vise pas une gestion durable de la banque, mais entend piloter la transition afin d’en faire un levier de développement national, avant d’ouvrir prudemment à un repreneur fiable.

À travers cette opération structurante, le Cameroun redessine les contours de sa souveraineté financière. En choisissant d’agir depuis Douala, ville-carrefour de l’économie sous-régionale, le pays réaffirme l’ambition selon lequel le développement ne se pense plus hors de ses frontières, mais bien à partir de ses centres vitaux. Une dynamique appelée à s’étendre à d’autres secteurs stratégiques à mesure que l’État renforce son rôle de stratège économique.

Danielle Hélène Ngondjo

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