Avec l’inauguration, le 12 juin 2025 à Figuil, d’une usine de production de clinker et de ciment, le Cameroun fait un pas stratégique vers l’autonomie industrielle. Cette infrastructure, portée par CIMENCAM, vient non seulement renforcer les capacités de production nationale, mais réaffirme aussi le rôle central des territoires dans la réindustrialisation du pays.

C’est une date à inscrire dans les annales industrielles du Cameroun. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute, représentant personnel du chef de l’État, a présidé la cérémonie d’inauguration de cette nouvelle unité, première du genre dans la région septentrionale. Pour la première fois, le Cameroun devient producteur de clinker, un composant essentiel du ciment, jusqu’ici massivement importé. Un basculement stratégique qui marque l’entrée du pays dans une ère nouvelle de transformation locale et de souveraineté industrielle.

Ce projet, aux enjeux multiples, s’inscrit dans une volonté forte de relancer l’industrie nationale en capitalisant sur les ressources locales. Il répond à une double urgence : réduire la dépendance extérieure et accompagner une urbanisation rapide, dans un contexte où les besoins en matériaux de construction explosent. Par cette implantation dans le Nord, le Cameroun envoie également un signal fort en matière d’équité territoriale.

Les retombées économiques sont déjà palpables. En plus de la stabilisation attendue des prix du ciment et de l’amélioration de l’approvisionnement pour les chantiers publics comme privés, ce complexe industriel a généré des centaines d’emplois directs et indirects, dynamisant l’économie locale et stimulant des secteurs connexes comme la logistique, le commerce ou les services. Figuil, longtemps en retrait des grands investissements industriels, prend un nouveau visage.

Derrière cette usine, c’est tout un modèle de développement équilibré qui se dessine. En investissant dans la transformation sur place des matières premières, CIMENCAM participe à la structuration d’un écosystème économique ancré, résilient et générateur de valeur ajoutée. Ce type d’industrie intégrée, conforme aux orientations du Plan directeur d’industrialisation du Cameroun, permet au pays de mieux maîtriser ses chaînes de production et de renforcer sa compétitivité sur le long terme.

Plus qu’un site de production, l’usine de Figuil incarne un tournant. Elle symbolise un Cameroun en mutation, où les villes secondaires sont appelées à devenir les moteurs d’une croissance inclusive et durable. L’expérience de Figuil ouvre ainsi la voie à une industrialisation par les territoires, fondée sur la valorisation des ressources locales et l’élévation des compétences. Figuil n’est plus seulement une ville du Nord : elle est désormais un pôle industriel émergent, et un marqueur tangible de la transformation en cours.

Ingrid Mbalmog