Rééducateurs orthophonistes/Yaoundé, Douala et les autres villes camerounaises comptent à peine 10 orthophonistes
Le cri d’alerte a été lancé par M. Soh Jacob, rééducateur orthophonique. Il a profité au cours de notre entretien pour présenter l’Orthophonie. Elle est une spécialité qui traite des troubles de la voix, de la parole et du langage chez les tous petits.
Il ne fait plus aucun doute. Ils sont nombreux les camerounais qui n’ont jamais entendu parler de l’orthophonie. Pourtant, cette spécialité traite de tous les troubles de la voix, de la parole et du langage. La raison étant que, le Cameroun compte à peine 10 orthophonistes. Un chiffre assez insignifiant. Quand on connait le nombre de personnes qui souffrent de « retard de parole, trouble de langage, bégaiement, articulation des sons, perte de parole post AVC, perte de voix, trouble de mémoire, trouble psychomoteur, trouble d’attention, trouble de déglutition, surdité, troubles des apprentissages scolaires ».
Pour les spécialistes de cette profession de santé, il est important que, cette spécialité soit davantage connue. Ils encouragent ainsi les jeunes camerounais à se faire former pour un plus grand nombre de rééducateurs orthophonistes. « L’orthophonie est une spécialité peu connu du commun des mortels. Pourtant, l’orthophoniste à un grand rôle dans sa phase de rééducation et aussi par des conseils pratiques pour faciliter la communication. Il est important de sensibiliser notre environnement à mieux connaitre cette spécialité peu connue du commun des mortels », a-t-on noté au cours des échanges.
L’orthophonie : une spécialité très peu connue.
Cependant, dans les rues, les artères et les quartiers de la ville de Douala, elles sont nombreuses les personnes interrogées qui avouent n’avoir jamais entendu parler de l’orthophonie. « C’est la première fois que j’entends parler de cette spécialité. Je ne sais même pas que cela existe. J’ai pourtant mon fils qui bégaie à la maison. J’utilise très souvent les méthodes de grand-mère pour essayer de calmer son mal. Je ne savais pas qu’il existait des rééducateurs orthophonistes pour l’aider à bien parler. Comme vous m’avez posé la question ,je vais essayer aussi de me renseigner pour voir comment mon fils peut aller se faire consulter pour un bon suivi », avoue Dorine, une gérante de call-box. Un avis partagé par la plupart des camerounais rencontrés dans la capitale économique. « Je dois avouer mon ignorance. Je n’ai jamais entendu parler de l’orthophonie. Quand vous me citez les différents troubles, je suis surpris qu’il existe des spécialistes. Je connais les spécialistes en ORL ou encore les Kinéthérapeutes. Les orthophonistes je n’en connais pas. Je me rends compte que, nous avons des personnes qui ont ces troubles du langage que vous avez cité. Il faut seulement qu’on vulgarise cette spécialité pour que les camerounais connaissent cela>>, interpelle Paul, conducteur de moto. Au regard de ces différents avis, nous pouvons comprendre que l’orthophonie tarde à se faire connaitre dans le commun des mortels.
Catherine Aimée Biloa
Interview- M. Jacob Soh
« Les jeunes doivent se former en orthophonie au Cameroun ».
Il est rééducateur-orthophoniste au Cameroun. Il encourage les jeunes à se former au quotidien.
L’orthophonie reste peu connue par le commun des mortels. Présentez-nous quelques troubles liés à la voix, à la parole ou au langage ?
Je commencerais par le retard de langage. Les signes cliniques qui peuvent être observés chez les enfants. Avant 1 an, nous pouvons observer l’absence de babillage, le contact visuel fuyant, les difficultés de succion ou de déglutition, peu de réaction aux bruits ou à la voix humaine et pas de signes de compréhension de la part de l’enfant. Entre 1 et 2 ans, nous pouvons observer peu de mots de vocabulaire et présence de jargonnage (langage incompréhensible). Très souvent, l’enfant n’essaie pas de répéter les mots. Il ne répond pas à l’appel de son prénom. Il ne pointe pas du doigt pour exprimer une demande. Il a une compréhension pauvre ou seulement avec support visuel. Il ignore son interlocuteur. Entre 2 et 3 ans, il utilise moins de 100 mots. Il a une persistance de l’écholalie (répéter les mots/phrases des autres). Les phrases de 2 mots sont rares. Son articulation est limitée nuisant à son intelligibilité. Il a une préférence pour la communication par les gestes. Entre 3 et 4 ans, l’enfant amorce rarement la communication. Il fait une répétition des questions en l’écholalie. Il ne peut pas converser pour s’informer, commenter ou rapporter des faits. Il ne maintient pas un sujet de conversation. Entre 4 et 5 ans, il a une inconscience du temps, des verbes et une confusion des genres.
Quelles sont les habitudes à observer face à ces différents troubles ?
Nous avons 9 habitudes à adopter au quotidien. Mettez-vous à la hauteur de votre enfant. Lorsque vous êtes à sa hauteur, votre tout-petit voit votre visage et vos gestes. Cela l’aide à comprendre ce que vous lui dites. C’est aussi un moyen pour vous de mieux comprendre ce qu’il veut vous dire. Laissez-le participer à la conversation. Il est bon que chacun prenne sa place dans vos échanges. Votre enfant peut faire un geste, un son ou dire un mot quand c’est son tour de parler. Par exemple, si vous lui demandez s’il veut manger et qu’il fait oui de la tête, vous pouvez poursuivre en lui tendant une compote de pommes. Répondez rapidement à votre enfant Si votre tout-petit vous dit : « eau », vous pouvez dire : « Tu veux de l’eau! » et lui donner un verre d’eau. Même chose s’il s’exprime avec un geste. Utilisez les bons mots et faites des phrases complètes. Votre enfant dit peut-être « kiki » pour parler d’un biscuit, mais évitez de l’imiter. Dites « biscuit » quand vous lui parlez. Votre tout-petit a besoin d’entendre les bons mots pour développer son vocabulaire. Il a aussi besoin d’entendre des phrases complètes pour apprendre à en faire. Montrez-lui que ce qu’il dit vous intéresse Votre enfant est plus motivé à vous parler s’il sent que vous vous intéressez à ce qu’il veut dire. Vous pouvez lui sourire, hocher la tête et répéter ce qu’il dit avec beaucoup d’expressions pour démontrer votre intérêt. Reformulez ses phrases sans le faire répéter. C’est normal que votre enfant ne s’exprime pas toujours clairement. Vous pouvez l’aider à s’améliorer en reformulant ce qu’il dit et en corrigeant ses erreurs au besoin. S’il dit : « chien parti », vous pouvez répondre : « Oui, le chien est parti! ». Il répétera peut-être. Sinon, pas besoin de le faire répéter.
Un terme l’aphasique. Qui peut devenir aphasique ?
L’Aphasie peut toucher tout le monde. Elle se rencontre à tous les âges de la vie, chez les hommes comme chez les femmes et dans toutes les catégories sociales. Les causes sont la lésion cérébrale. A l’origine de l’aphasie, nous pouvons avoir plusieurs causes. La plus fréquente est l’AVC. Nous avons également un traumatisme crânien lors de la chute ou d’un accident de la route, une tumeur cérébrale, des maladies neuro dégénératives maladie d’Alzheimer. L’orthophoniste à un grand rôle dans sa phase de rééducation et aussi par des conseils pratiques pour faciliter la communication. Nous devons sensibiliser notre environnement.
Interview réalisée par Catherine Aimée Biloa