Reportage/ Spoliation du patrimoine foncier: La communauté Babenga dénonce
Elle l’a fait savoir le 1er Novembre 2024 lors d’une concertation qui a débouché à une marche pacifique à Babenga, localité située dans l’arrondissement de Dibombari. Événement qui a retenu l’attention des fils et filles de ce village du Moungo. Au motif de leur dénonciation, la spoliation de leur patrimoine ancestral par le chef de leur communauté de concert avec un particulier.
Les effets de la pluie de ce 1er Novembre 2024 n’ont laissé aucune trace encore moins freiner les élans des fils et filles de la communauté Babenga. Vêtus de noirs, les fils et filles Babenga ont battu le pavé ce samedi. Pancartes à la main, ils ont marché le long de l’axe principal jusqu’à la chefferie passant par l’espace terrien querellé marquant ainsi leur indignation vis-à-vis de la situation dont ils sont victimes. Sur ces pancartes on pouvait d’ailleurs lire “Minat au secours. Urgence destituer Modi, nous voulons un chef qui protège nos intérêts“ ou encore “le village Babenga ne te reconnaît pas chef”, etc.
En effet, la communauté Babenga est à couteau tiré avec son chef Sa Majesté Modi Dissakè. Dont, elle accuse d’avoir vendu un espace terrien de 61Ha à un tiers; le nommé Babila Gabsia, camerounais originaire de la région du Nord-Ouest. Lequel à son tour, quoique détenteur de faux documents, va néanmoins va vendre près de la moitié de cet espace soit 30 Ha à d’autres entités à savoir l’église catholique et l’église apostolique. “Nous sommes entrain de décrier le faux que non seulement Babila a fait pour l’obtention de son titre foncier 9736 en 1989. Deuxièmement, il a été accompagné par notre chef qui à l’époque était notable comme nous et c’est le village et la chefferie qui ont introduit un recours auprès du ministre. Mais aujourd’hui qu’il est chef, il joue un double jeu; donc il a abandonné la communauté parce qu’il a vu l’argent de l’autre côté.” va fait savoir Rev. Emile Ekambi Ekambi, un leader de la communauté Babenga.
Ce dernier tout comme l’ensemble de la communauté reproche donc à leur chef le jeu trouble et ses multiples participations et tentatives à faire échouer toutes les démarches administratives et juridiques engagées par sa communauté. C’est le cas de la saisine qu’il a engagé auprès du tribunal administratif le 15 septembre 2020 afin de surseoir à la procédure engagée par sa communauté. Ainsi non satisfait de cette lettre, le 16 septembre 2020 la communauté a saisi le tribunal administratif. À cet effet, la présidente du tribunal n’a pas donné suite à la procédure du chef Modi Dissake, la raison étant que, “le chef n’a pas qualité d’agir en lieu et place des terres des familles qui composent une communauté.” va rajouter le Rev Émile Ekambi Ekambi.
Ce dernier dans son récit, va indiquer que le 20 décembre 2020, la communauté va s’asseoir et choisir son représentant dans cette affaire au motif que le chef est corrompu. Ce dernier va d’ailleurs signer lui-même un procès verbal le 20 décembre 2020, dans lequel il se désengage de l’affaire. Sauf qu’à la surprise générale, le même chef de Babenga va signer un protocole d’accord avec la famille Bibila à l’insu de la communauté alors que l’affaire est pendante au tribunal depuis 2015. Fort de tout cela, la communauté a donc décidé de manifester pour dénoncer cette situation “Si nous sommes entrain de marcher aujourd’hui, c’est pour dénoncer le faux que fait notre chef”.
Par ailleurs, la communauté Babenga relève qu’elle est propriétaire de plusieurs espaces de terre mais le chef S.M Modi Dissake après le décès de son père dont il a succédé, s’est accaparé des titres fonciers des familles avec la complicité d’une dame, la nommée Nathalie Salomé Sen. Tous les deux ont hypothequé les titres fonciers des populations. Ajouté que le 15 mars 2022, le chef Modi va faire un protocole d’accord avec les noms des membres de la communauté qui devaient comparaître par devant le notaire y compris son père décédé le 9 mai 2018. Un fait qui ne passe pas.
N’en pouvant plus, les fils et filles de la communauté Babenga ont saisit les autorités du Sous-préfet de l’arrondissement de Dibombari jusqu’au ministre de l’administration territoriale. Mais las d’attendre, les plaignants demandent au Minat de leur laisser choisir leur chef car, ils ont vomi l’actuel. “C’est pourquoi nous sommes fatigués d’attendre, aujourd’hui nous sommes en entrain de dire non; on ne veut plus de lui, on l’a déjà vomi. Donc, nous voulons que le ministre de l’administration territoriale accorde au village Babenga, aux fils et aux filles de choisir eux-mêmes leurs propres chefs. Car le chef nous a été imposé par l’administration territoriale et l’administration elle-même même est entrain de constater les failles.” relève toujours le porte-parole du jour.
Dans l’optique de la recherche de l’équilibre, nous avons tenté de rencontrer le chef mais en vain. Ce dernier non seulement n’a pas voulu s’exprimer mais a au contraire repoussé les équipes des journalistes venus à son domicile.
En attendant de voir un peu plus clair sur cette affaire, il faut dire que depuis lors et davantage ces derniers temps, les litiges fonciers sont devenus monnaie courante. Les spoliations des terrains sont arrivés à être la cause de la mort et de vie difficile de certaines familles. On a encore en image, le cas du deguerpissement de la communauté de Dikolo à Bali au motif de la construction d’un établissement hôtelier
Florent Nwaha, envoyé spécial