Moins de deux semaines après la rentrée de l’année scolaire 2024-2025, une ambiance particulière règne dans les foyers de la métropole économique. L’excitation des enfants se mêle à une certaine angoisse des parents, qui se lancent dans une inspection minutieuse des sacs à dos.

“C’est devenu un rituel chaque année”, explique Mama Yassi, mère de trois enfants, rencontrée à l’entrée “Mission” de Japoma, situé dans le 3e arrondissement de la ville de Douala. “Une fois l’école commence , j’inspecte systématiquement le sac à dos de mes enfants. Je vérifie qu’ils n’ont pas caché des objets interdits ou des éléments qui ne leur appartiennent pas”. A peine commencé, Mama Yassi s’est déjà retrouvée face à un “mystère”. ” À moins d’une semaine de la rentrée, j’ai trouvé une chaine en forme de coeur dans le sac de mon fils, un collier que je n’avais jamais acheté. Cela m’a inquiétée. Et quand je lui ait demandé d’où est ce que ça sort, étonné, il est resté sans dire un mot. ”

L’inspection des sacs à dos est une pratique courante dans de nombreux foyers camerounais, et les parents avancent des arguments variés pour justifier leur démarche. Certains évoquent la nécessité de se rassurer sur la sécurité de leurs enfants, tandis que d’autres craignent les mauvaises influences. “Je trouve que c’est important de contrôler ce que mes enfants portent à l’école”, déclare Chantal, mère de famille . “Il y a tellement de dangers aujourd’hui, il faut être vigilant. On entend parler de drogue, de violence, d’objets dangereux. Je préfère être préventive et vérifier moi-même”.

Cependant, d’autres parents, comme Marie, une enseignante, estiment que cette pratique peut être contreproductive. “Je pense que c’est une intrusion dans la vie privée des enfants. Cela crée une méfiance entre eux et leurs parents. Ils apprennent à cacher des choses et à mentir pour éviter d’être punis”.

Une question d’équilibre et de confiance

L’inspection systématique des sacs à dos soulève un véritable débat sur l’équilibre entre la sécurité et la confiance. Les parents doivent trouver un juste milieu pour protéger leurs enfants sans créer un climat de suspicion et d’intimidation. “Il est important de dialoguer avec les enfants”, explique le psychologue scolaire, Dr. Nguema. “Expliquez-leur pourquoi vous vérifiez leur sac à dos. Ne les accuser pas à priori et écoutez leurs explications. La communication ouverte est essentielle pour construire une relation de confiance et prévenir les problèmes”. Tout compte fait, l’avenir de la rentrée scolaire 2024-2025 est donc entre les mains des parents et des enfants. Il est temps de trouver un terrain d’entente pour que les sacs à dos ne deviennent pas des champs de bataille, mais plutôt des compagnons de l’apprentissage et de la croissance.

Aurore Mbango