CARNET NOIR : EMMANUEL KUNDÉ, LE LION DE YAOUNDÉ S’EST ÉTEINT, MAIS SON RUGISSEMENT RÉSONNERA TOUJOURS
Le Cameroun pleure l’un de ses plus grands héros. Emmanuel Kundé, légende du football national, s’est éteint le vendredi 16 mai à l’âge de 68 ans, victime d’un arrêt cardiaque. Sa disparition laisse un vide immense, tant pour le sport camerounais que pour toute une nation qui voyait en lui une incarnation vivante de la rigueur, de l’excellence et du courage.
Né à Ndom un 15 juillet 1956, mais profondément attaché à Yaoundé, ville de cœur et berceau de ses plus grands exploits sportifs, Kundé a façonné sa légende dans les rues, les stades et les souvenirs des camerounais. Le Canon de Yaoundé dont il fut l’un des piliers peut s’enorgueillir d’avoir compté dans ses rangs un tel joueur d’exception. Ses six titres de champion Cameroun, cinq Coupes nationales et une aura qui dépassait les frontières du sport témoignent aisément de son exception. Défenseur intraitable mais technicien redoutable, il restera à jamais associé à ce mythique club de la capitale.
Sur le plan international, Kundé fut un Lions Indomptable de la première heure. Avec 127 sélections, il a marqué les plus belles pages du football camerounais : Coupes du Monde 1982 et 1990, titres de champion d’Afrique en 1984 et 1988. Technicien habile et redoutable tireur de coups francs, il savait renverser un match par une frappe précise, presque chirurgicale. « C’était un homme très posé, d’une grande intelligence. Il ne parlait pas beaucoup, mais quand il s’exprimait, tout le monde écoutait. Et il avait ce coup de pied exceptionnel, capable de changer le cours d’un match » , se souvient Jean-Claude Pagal, ancien coéquipier et légende lui aussi.
Depuis l’annonce de sa mort, les hommages pleuvent. À Yaoundé, l’émotion est vive. Emmanuel Mabouang-Kessack, autre figure du football camerounais, raconte avec gravité : «J’ai été prévenu par madame Kundé. C’est un moment terrible. Le président de la FECAFOOT m’a immédiatement demandé de veiller à ce que tous les frais soient pris en charge. C’est notre devoir envers ce grand frère du football camerounais. » Plus qu’un athlète, Emmanuel Kundé était un symbole d’unité, un modèle de discipline, un héros discret, dont les valeurs ont inspiré plusieurs générations. Il incarnait cette fierté camerounaise qui se construit dans le silence du travail bien fait et le bruit des exploits collectifs.
Le Lion s’est tu. Mais son nom, son héritage et son exemple continueront de vibrer dans chaque stade, chaque rue, chaque enfant qui tape dans un ballon à Yaoundé et partout en Afrique. Emmanuel Kundé entre définitivement dans la légende, là où seuls demeurent les géants.
Yolande T