Le célèbre réalisateur français Michel Ocelot, connu pour son chef-d’œuvre d’animation “Kirikou”, a fait une apparition mémorable à Lomé lors du Festival International Gbaka Animation (FIGA) qui s’est déroulé du 25 au 27 Octobre 2024. Vitrine du cinéma d’animation, cet événement a captivé un public enthousiaste et passionné par l’art du mouvement.

Film emblématique sorti en 1998, “Kirikou et la Sorcière”, a marqué un tournant dans l’animation, offrant une perspective unique sur les récits africains. Le film, inspiré d’un conte traditionnel, raconte les aventures de Kirikou, un petit garçon rusé, qui défie la sorcière Karaba, la tyranne de son village, dotée de pouvoirs maléfiques. Affectueusement surnommé “Papa Kirikou”, Michel Ocelot, le réalisateur a partagé des anecdotes sur les défis qu’il a affrontés lors de la création de cette œuvre.

“Quand j’ai exprimé mon désir de réaliser un film se déroulant en Afrique, la réponse a été claire : l’Afrique n’était pas une destination rentable. J’ai dû me battre pendant deux ans pour réaliser ce projet, et je n’ai pas eu tort de croire en ma vision” , a-t-il déclaré le cinéaste sur la scène du festival, soulignant sa détermination.

En tant qu’invité d’honneur du Festival International Gbaka Animation, Ocelot a participé à une programmation riche qui a inclus des projections de films d’animation à divers endroits de la capitale togolaise, des panels avec des experts du secteur, ainsi que des ateliers pratiques. Ces initiatives offrent aux passionnés une occasion précieuse de découvrir les différentes facettes de l’animation contemporaine.

L’événement a également permis à Ocelot de motiver les jeunes créateurs togolais à persévérer malgré les obstacles. Parmi ces défis, les coupures d’électricité fréquentes sont un frein pour de nombreux artistes, comme l’explique Mensah Tony Kpégba, un jeune animateur 2D et 3D : “Les interruptions d’électricité ralentissent souvent nos travaux et rendent la création difficile.” 

Le financement constitue un autre obstacle crucial. Sans ressources financières adéquates, même les jeunes talents formés risquent de ne pas réaliser leurs rêves. Daniel Atchali, organisateur du FIGA, a ajouté :  “Beaucoup de nos jeunes talents sont attirés par d’autres pays en quête de meilleures opportunités. Si nous ne parvenons pas à soutenir nos créateurs, nous risquons de les voir partir.” 

Avec une abondance de talents en animation au Togo, le secteur a besoin d’un soutien structuré pour exploiter pleinement son potentiel. Malgré les défis, l’engagement créatif et la passion pour l’animation laissent entrevoir un avenir prometteur. Un soutien accru pourrait positionner le Togo comme un acteur incontournable dans le domaine de l’animation en Afrique et au-delà.

Ainsi, la présence de Michel Ocelot au Festival Gbaka Animation ne fut pas seulement une célébration de l’animation, mais aussi un appel fort à l’action pour renforcer la scène créative du Togo. Le festival, en réunissant des talents et en stimulant des dialogues, pourrait jouer un rôle essentiel dans l’épanouissement du secteur de l’animation dans le pays.

Ingrid Mbalmog