Entretien C’est le moyen aussi de fermer la bouche à la communauté internationale qui maltraite l’armée
Ces propos sont de la PDG de Season Media Prime qui a produit ces documentaires sur le Bir. Eva Mballa donne des éclairages sur ce qui l’a motivée.
Pourquoi avoir choisi de réaliser deux documentaires sur le Bir, dont un relatif à leurs actions au Sud-Ouest et l’autre à la presqu’île de Bakassi ?
Nous en avons fait cinq. Les deux auxquels vous faites allusion sont les deux premiers que nous avons tournés. Nous avons commencé ce projet en septembre 2023 par le Sud-Ouest et c’est pour cela que le film sur cette région est sorti avant. Ensuite en décembre, nous avons fait Bakassi. C’est en février que nous sommes allés à l’extrême-Nord. Vous savez ce que c’est que le temps du montage. Pour l’avant-première, nous nous sommes dit que nous allons d’abord diffuser les deux premiers films. Mais il y a trois autres que nous avons.
Et si je vous disais que vous n’avez vraiment pas répondu à la question du pourquoi. Autrement dit quelle était votre motivation à les réaliser ?
Nous avons été plus motivée par la volonté de changer. Nous avons passé huit ans au Gabon où nous avons été rédactrice en chef tour à tour à Label TV, et à Gabon 24, le média présidentiel de la République du Gabon. Nous étions donc un peu fatiguée du journalisme classique, de couverture, de reportage, des émissions politiques. Quand nous rentrons au Cameroun, nous avons eu envie de faire autre chose, d’aller en aventure et nous nous sommes dit, pourquoi pas le journalisme de guerre.
Vous avez donc d’abord choisi le Bir; est-ce qu’il vous a été facile de convaincre ce corps d’élite de vous ouvrir ses portes et surtout sa bouche ?
Ça n’a pas du tout été facile. Mais nous pensons que le Bir est beaucoup plus ouvert que notre Armée régulière. Nous avons déposé un dossier comme tout camerounais lambda, un projet bien élaboré. Nous avons été contactée un mois plus tard pour présenter ce projet au Colonel Coordonnateur Général du Bir à Bastos. Par la suite, ils nous ont appelé deux semaines plus tard en nous disant qu’ils vont essayer d’obtenir l’accord du ministre parce que nous avons quand-même demandé à aller dans cinq zones de guerre; ce qui est assez inédit. Une fois l’accord obtenu, ils sont revenus vers nous et nous ont dit que tout est OK. Ça n’a donc pas été facile, mais nous pensons qu’ils ont été convaincus par rapport au projet et l’idée qui était derrière.
Est-ce qu’on peut considérer tout au moins ces deux premiers documentaires, comme étant une réponse à ces ONG qui ont toujours noirci l’Armée camerounaise en général et le Bir en particulier ?
Une réponse ? Non parce que quand nous faisions ces productions, nous ne pensions pas à elles. Mais nous pouvons dire que c’est le moyen aussi de fermer leur bouche, voire de la communauté internationale qui maltraite l’Armée camerounaise, qui maltraite surtout les actions qui sont posées. C’est le lieu pour nous en ce qui concerne le Bir notamment, de dire que ce n’est pas seulement une force de défense. C’est aussi des gens qui mènent des actions sociales, des gens qui se sacrifient au quotidien au péril parfois de leur vie, pour la Patrie et la Nation. Alors nous avons jugé important de leur rendre cet hommage qu’ils méritent.
Lors de votre discours de clôture, vous étiez émue. Est-ce pour vous être souvenue de certaines scènes de terrain ou pour autre chose ?
Nous nous sommes effectivement rappelée de ce que nous avons vécu sur le terrain. ( Elle marque un temps d’arrêt avant de continuer). Nous nous sommes rappelée du sacrifice que nous avons fait pour en arriver là aujourd’hui. Nous regardons tous ces jeunes qui sont derrière nous et qui sont 12 au total. Ils me regardent et comptent sur moi. C’est vraiment important pour moi de cheminer avec eux, les aider à se réaliser, de les accompagner et qui continuent de m’accompagner aussi.
Propos recueillis par Eric François Bekolo